Le président américain récemment élu, Donald Trump, dans une interview exclusive accordée au Wall Street Journal a affirmé que sa priorité était Daech et non le président syrien Bachar al-Assad.
Vendredi, le gouvernement syrien avait précisé qu’il travaillerait avec la nouvelle administration américaine, jugée moins hostile. Dans sa conversation avec le président français François Hollande, l'approche de Trump a probablement laissé le Français sans voix. Trump penche visiblement pour une solution russe. Mais a-t-il d'autres solutions que d'opter pour une coopération "honnête" à la russe? C'est par la négative que répond Khaled al Matroud, analyste syrien des questions internationales.
Selon ce dernier, "la victoire de Trump aux présidentielles américaines pourrait déclencher de profondes évolutions aux États-Unis".
"Au cours de ses deux mandats successifs, Obama a créé de nombreux conflits dans le monde et dans la région qui ne sont pas allés sans nuire aux États-Unis. En ce sens, une révision des positions de Washington dans de nombreux dossiers s'impose et il semble que les républicains en soient bien conscients. Il est vrai que l'ordre unipolaire prôné par les démocrates a exposé le monde à un danger d'implosion. Le maximalisme des démocrates ne connaissait pas de bornes, Obama demandant à la fois la partition de la Syrie et le renversement d'Assad. Mais la Syrie a résisté grâce au soutien de l'Iran, de la Russie, de la Chine et des pays des BRICS".
Et cet analyste d'ajouter :
"Les lignes rouges définies par l'axe de la Résistance ont bloqué la voie aux ambitions d'Obama. Ce dernier est toutefois resté campé sur ses positions pour ne pas perdre la face mais a fini par reconnaître la légitimité d'Assad. Ce furent ces changements qui ont poussé le peuple américain à basculer dans le camp des républicains. Les instances décisionnaires aux États-Unis se sont vues finalement dans l'obligation de soutenir Trump.
La nouvelle administration américaine n'a pas d'autre choix que d'accepter le nouveau rapport des forces en Syrie, surtout que la balance penche du côté des alliés de Damas. Il est temps que la nouvelle administration américaine cesse de traîner le lourd héritage qu'est le refus d'Obama de reconnaître le caractère terroriste de tous les groupes engagés dans la guerre contre l'armée syrienne. Les terroristes ont été armés et sont prêts à mettre en œuvre les plans que leurs soutiens ont concoctés de longue date. Or les tensions au sein de ces groupes, combinées aux progressions de l'armée syrienne et de ses alliés, ont convaincu les États-Unis qu'il était impossible d'abattre Assad, surtout à l'aide de groupes dont le caractère terroriste n'est un secret pour personne.
Seule l'issue de la bataille pourra décider de la politique que Trump adoptera à notre égard. Toutes les évolutions sur le terrain sont de nature à bénéficier à l'axe de la Résistance et à la Syrie: n'oublions pas le Liban où Michel Aoun, allié du Hezbollah, est arrivé au pouvoir. C'est la guerre en Syrie qui définira les rapports de force dans le monde."